Chapitre
12: La place et le rôle de l'état dans l'économie
I)
La pensée économique et le rôle de l'état dans l'économie
A)
Le courant libéral (ou classique)
Le
courant libéral naît avec le capitalisme au 18e siècle avec la
révolution industrielle. Il se caractérise par trois idées
essentielles.
1)
Première idée: l'individualisme
Chaque
acteur économique cherche son propre intérêt.
Exemple:
Le patron cherche à avoir le maximum de profit, le salarié le
maximum de salaire et le consommateur cherche les meilleurs prix.
Le
droit de propriété est au centre de cette recherche de satisfaction
maximale. Tout le monde essaie de s'enrichir.
2)
Deuxième idée: la liberté économique et l'économie de marché
Le
marché c'est-à-dire la rencontre entre l'offre et la demande est le plus efficace régulateur de l'activité économique. Il y a trois
grands marchés:
-le
marché du travail -> salaire
-le
marché des biens et des services -> les prix
-le
marché des capitaux -> intérêt
3)
Troisième idée: la permanence de l'équilibre économique
Pour
les libéraux il ne peut pas y avoir de crise économique c'est-à-dire
de la surproduction ou du chômage.
Grâce
à l'ajustement par les prix l'économie tend naturellement à
l'équilibre. En cas de chômage il suffit de baisser les salaires
(prix du travail) et le chômage disparaîtra. Ainsi grâce à "une
main invisible" il n'y a ni crise ni surproduction.
Pour
les libéraux l'état ne doit surtout pas intervenir dans l'économie.
Exemple:
S'il y a du chômage c'est à cause de l'état qui fixe un SMIC qui
empêche les salaires de baisser. Si le salaire baissait, tout le
monde trouverait un employeur.
Pour
les libéraux l'état doit se contenter d'un rôle "d'état
gendarme", c'est-à-dire qu'il doit fixer des règles générales
(lois), s'occuper de la police et de l'armée.
Fonctions
régaliennes: justice, armée, police.
B)
Le courant keynésien (Keynes)
À
la suite de la grande crise économique de 1929 la théorie libérale
est battue en brèche. Le chômage est élevé, la surproduction est
importante, les prix baissent. Le marché seul ne suffit plus pour
réguler l'économie. Keynes va révolutionner la pensée économique
classique (libéraux), et revoir autrement les problèmes
économiques. Sa pensée s'articule autour de trois axes.
1)
Premier axe: une approche macro-économique
Les
classiques (libéraux) ont une approche micro-économique.
Exemple:
Ils vont étudier le comportement du consommateur, du producteur.
L'analyse se fait donc au niveau de l'unité.
Keynes
aura, lui, une vision macro-économique de la réalité avec le
niveau global de l'emploi du pays, la production de la nation, la
demande globale etc...
2)
Deuxième axe: l'existence possible d'une situation d'équilibre de
sous-emploi
L'économie
peut être à l'équilibre c'est-à-dire qu'il n'y a pas de
surproduction et que les entreprises marchent bien avec quand même
un chômage important (sous-emploi).
3)
Troisième axe: l'intervention de l'état
Pour
Keynes en cas de sous-emploi l'état doit intervenir, il doit aider
le pays à sortir de la crise. Pour cela il augmentera la demande
globale faite aux entreprises, celles-ci pourront à nouveau
embaucher et le chômage baissera.
Exemple:
Pour augmenter la demande globale: construire de nouveaux lycées,
faire de grands travaux, distribuer des revenus aux gens pour
augmenter la demande.
On
parle maintenant d'état providence et d'effet multiplicateur des
dépenses de l'état.
II)
Les objectifs de l'intervention de l'état
A)
La formation des revenus primaires
En
contre partie de leur participation à la production, les apporteurs
de capital et de travail reçoivent des revenus qu'on appelle des
revenus primaires. Cette répartition primaires correspond au partage
de la valeur ajoutée dans l'entreprise.
Valeur
ajoutée = production de l'entreprise – achat de biens et de
services aux fournisseurs
Partage
de la valeur ajoutée:
->
salariés (salaires)
->
état et collectivité (impôts)
->
prêteurs de capitaux (intérêts des banques)
->
l'entreprise : -> bénéfices ou autofinancement
Exemple:
Ebéniste
->
production: armoire 2000 euros.
->
achat: bois, colle, vis etc... 500 euros
Le
conflit autour de la répartition primaire se situe entre les
salariés et les propriétaires de l'entreprise. Si le salaire
baisse, le bénéfice augmente. Certaines personnes (retraités,
chômeurs...) ne bénéficient pas du partage de la valeur ajoutée.
Ils bénéficieront quand même de revenus grâce à la
redistribution organisée par l'état et les organismes sociaux.
B)
La redistribution des revenus
La
PIB représente l'ensemble de la valeur produite sur une année. Le
PIB de la France sur un an est de 2000 milliards d'euros.
La
redistribution correspond à l'ensemble des opérations qui modifie
la répartition primaire des revenus pour arriver au revenu
disponible des ménages.
Ainsi
on va déduire les impôts et les cotisations, on ajoute des
prestations sociales et on arrive au revenu disponible des ménages.
Les
prestations sociales sont également appelées les revenus de
transfert (les retraites, allocations chômage, allocations
familiale, remboursement des frais médicaux...). Les prélèvements
obligatoires représentent les impôts plus les cotisations sociales.
Les
prévisions pour les prélèvements obligatoires en France sont (pour
2013 et 2014) de 46,5% du PIB. Autrement dit sur 100 euros de
richesse créés 46,5 euros sont prélevés.
Les
objectifs de la redistribution sont de deux ordres:
-les
objectifs de justice sociale. On veut corriger les inégalités pour
soutenir le niveau de vie des familles et assurer à tous la
possibilité de se soigner.
-les
objectifs économiques. En effet la hausse des prestations sociales
va relancer la demande et donc soutenir l'économie.
Vocabulaire:
Redistribution verticale: la redistribution est verticale lorsqu'elle
cherche à réduire les inégalités. Elle va des ménages les plus
aisés vers les ménages les plus modestes.
Exemple:
Versement du RSA aux plus modestes et impôts sur le revenu qui touche les ménages les plus aisés.
Redistribution
horizontale: la redistribution est horizontale lorsqu'on effectue des transferts des ménages sans enfant vers des ménages avec des enfants
pour contribuer aux dépenses d'éducation. Ainsi tous les parents
bénéficient des allocations familiales.
C)
L'efficacité de la redistribution
Arguments
favorables à la redistribution
|
Arguments
défavorables à la redistribution
|
Les
keynésiens sont généralement favorables à la redistribution.
-Cela
permet une cohésion et une paix sociale et civile.
-Cela
réduit les inégalités, tout le monde peut se soigner et a un
minimum de revenu.
-Les
allocations soutiennent la consommation et la demande, cela est
favorable à l'activité des entreprises et donc à l'emploi.
C'est
la politique de la demande (favorise la demande aux entreprises
pour favoriser l'emploi).
On
parle ici d'état providence c'est-à-dire l'état qui aide la
population.
|
Les
libéraux (classiques) sont défavorables (contres).
-Les
prélèvements obligatoires sont trop hauts (46,5% du PIB) cela
décourage les entreprises.
-Les
entreprise délocalisent dans des pays où il y a moins de
prélèvements.
-Il
y a une fuite des cerveaux et des capitaux vers l'étranger.
-Le
versement des allocations n'incitent pas les gens à travailler,
"incitation à la paresse".
C'est
la politique de l'offre (on favorise l'offre c'est-à-dire les
entreprises en diminuant les impôts et les charges).
On
parle d'état gendarme qui doit juste s'occuper des fonctions
régaliennes (police, armée, gendarmes,...) et réduire au
maximum les impôts.
|
Remarques:
La redistribution a permis de réduire la “pauvreté classique”
c’est-à-dire la pauvreté des familles nombreuses et des personnes
âgées, grâce aux allocations familiales et aux retraites.
Une
“nouvelle pauvreté” est cependant apparue. Ces “nouveaux
pauvres” présentent un profil différents, c’est souvent la
perte d’un emploi qui est la première étape vers la pauvreté
(apparition des SDF).
III)
La politique économique
A)
Les objectifs et les instruments de la politique économique
La
politique économique est l’ensemble des interventions des pouvoirs
publics sur l’économie afin de corriger les déséquilibres
économiques.
Quatre
objectifs économiques semblent particulièrement importants.
L’économiste Kaldor parle du “carré magique” de la politique
économique.
Ainsi
les quatre principaux objectifs de la politique économique sont:
-la
croissance économique que l’on mesure grâce au taux
d’accroissement du PIB annuel.
-l’emploi
que l’on mesure par le taux de chômage de la population active.
-la
stabilité des prix qui se mesure par le taux d’inflation en
pourcentage.
-l’équilibre
extérieur qui se mesure par l’excédant des exportations sur les
importations.
Pour
atteindre les objectifs fixés les pouvoirs publics s’appuient sur
plusieurs instruments:
-la
politique budgétaire
-la
politique monétaire
-la
politique de l’emploi
-la
politique conjoncturelle (actuelle) et structurelle (long terme)
B)
Les politiques conjoncturelles et les politiques structurelles
La
politique conjoncturelle, menée par l’état concerne le court
terme. L’état va essayer d’orienter l’économie dans un sens
positif (réduire le chômage, relancer l’économie).
Exemple:
En 2007-2009 au début de la crise, l’état a lancé une politique
de relance pour agir sur la demande et donc pour réduire le chômage.
L’état a ainsi fait de grands investissements et de grands
travaux.
Ainsi
en cas de crise économique l’état continue de dépenser pour
stimuler la demande aux entreprises. Le grand problème sera que la
dette de l’état explosera avec ces dépenses.
La
politique structurelle concerne le long terme, on veut transformer en
profondeur le système (grande réforme de l’état, réforme de
l’éducation nationale).
Exemple:
Favoriser la spécialisation du pays dans les secteurs dans lesquels
elle a un avantage. France: agro-alimentaire.
Réaliser
de grands projets porteurs (Airbus ou TGV).
Mener
des actions sur le marché du travail (faire baisser durablement les
charges sur le travail).
C)
La politique budgétaire
Recette
de l’état (impôts, cotisations) < dépenses de l’état =>
déficit du budget de l’état.
La
politique budgétaire est une composante importante de la politique
économique. L’état par son budget va agir sur la demande faite à
l’économie. Deux analyses de la politique budgétaire
s’affrontent.
Les
politiques budgétaires
L’analyse
libérale (ou classique)
-Le
rôle de l’état doit être minimum (état gendarme).
-Toutes
actions de politique budgétaire est inefficace.
-Le
budget de l’état doit être à l’équilibre, il ne faut pas
de déficit.
-L’état
doit réduire en permanence les dépenses et donc les recettes (et
ainsi baisser les impôts).
|
-L’état
doit intervenir dans l’économie.
-En
cas de crise économique l’état doit continuer de dépenser
même si cela augmente le déficit.
-Grâce
aux dépenses de l’état les entreprises et les ménages auront
plus de revenus.
-Le
chômage va baisser grâce à ce soutien de la demande.
-Au
final comme l’économie est relancée les divers impôts
rentreront plus et rembourseront les dépenses de l’état (en
théorie).
|
D)
La politique de l’emploi
Définition:
La politique de l’emploi est une politique structurelle destinée à
améliorer le fonctionnement du marché du travail. Les moyens
déployés sont très importants de l’ordre de 90 milliards d’euros
par an. Cette politique vise en particulier les chômeurs de longue
durée ou les jeunes non qualifiés. Elle permet également
l’indemnisation des chômeurs. Il y a également des mesures
générales comme les allègements des cotisations pour les bas
salaires.
On
parle de dépenses passives quand il s’agit d’indemniser les
chômeurs (le traitement social du chômage).
On
parle de dépenses actives pour la formation professionnelle, les
différentes incitations à l’activité comme actuellement les
emplois d’avenir et les contrats de générations.
Le
nombre de mesures d’aide à l’emploi est très important et très
complexe, ce qui fait que les chefs d’entreprises et les salariés
ont du mal à bien les intégrer.
E)
La politique monétaire
Définitions:
Inflation: hausse généralisée et durable du niveau des prix.
La
politique monétaire représente l’ensemble des actions visant à
faire varier la quantité de monnaie dans l’économie.
Depuis
le 1er janvier 1999 dans le cadre de l’union européenne, la
politique monétaire est menée par la BCE (banque centrale
européenne). C’est la BCE qui gère l’euro, le franc n’existe
plus. Elle s’occupe de la politique monétaire à la place des
états. C’est ce qu’on appelle un accord de souveraineté.
L’objectif
essentiel de la BCE est la lutte contre l’inflation. Cette lutte
passe par la maîtrise de la création monétaire. C’est ce qu’on
appelle aussi la politique de l’euro fort avec assez peu de
création monétaire pour éviter l’inflation.
Remarque:
la création monétaire.
La
monnaire se trouve sous différentes formes:
-la
monnaie divisionnaire, c’est-à-dire les pièces.
-la
monnaie fiduciaire, c’est-à-dire les billets.
-la
monnaire scripturale, c’est-à-dire les sommes sur les comptes
bancaires disponibles grâce aux chèques, aux carte de crédit ou
aux virements.
La
monnaire divisionnaire et fiduciaire (pièces et billets)
représentent seulement 15% de la monnaie totale d’un pays (en
général), la monnaie scripturale représente donc 85% du reste de
la monnaie.
Contrairement
à ce que l’on pourrait croire l’augmentation de la masse
monétaire ne se fait que très partiellement par l’augmentation de
billets et de pièces. L’augmentation de la masse monétaire se
fait essentiellement par la création de monnaie scripturale.
Le
mécanisme de création est le suivant: quand une banque accorde un
crédit elle peut, sous conditions, l’accorder sans avoir l’argent
au préalable. Il y a alors création monétaire. A l’inverse quand
on rembourse le crédit il y a destruction monétaire.
Pour
maîtriser la création monétaire des banques commerciales et éviter
une création folle de monnaie à travers les crédits la BCE dispose
de différents moyens:
-la
BCE a la monopole de l’émission des billets et des pièces dont
ont besoin les banques.
-la
BCE impose des réserves obligatoires aux banques.
-c’est
surtout par le maniement des taux d’intérêts que la BCE contrôle
la distribution de crédits et donc contrôle la création monétaire.
BCE:
fixe le taux d’intérêt
Taux
d’intérêt baisse: plus de création monétaire
|
Taux
d’intérêt augmente: moins de création monétaire
|
-Le
crédit est moins cher pour les ménages et les entreprises =>
La consommation et l’investissement augmente.
Il
y a donc plus d’activité économique et moins de chômage.
-L’inflation
va augmenter car il y a plus de création monétaire.
Rappel:
L’inflation fait très peur aux épargnants car la valeur de la
monnaie diminue. Keynes dit même que “l’inflation est
l’euthanasie des rentiers”.
Politique
d’une monnaie faible.
|
-Le
crédit est plus cher pour les ménages et les entreprises =>
Il y a moins d’argent disponible, moins de demande aux
entreprises, le chômage va augmenter.
-Cependant
comme il y a moins de création monétaire, l’inflation est très
faible.
Une
inflation maîtrisée rassure les épargnants car elle préserve
le capital.
Politique
d’une monnaie forte (libéralisme)
|
Conclusion:
La politique de l’Europe est d’inspiration libérale avec une
maîtrise de la masse monétaire et donc un taux d’intérêt
maîtrisé.
Complément
historique: la politique monétaire avec le franc.
Avec
le franc la France avait une réelle politique monétaire
indépendante.
Exemple:
Les exportations françaises.
Quand
la France avait du mal à exporter, elle pouvait modifier son taux de
change pour relancer des exportations et ainsi relancer son activité
économique et donc faire baisser le chômage.
Taux
de change: valeur d’une monnaie exprimée dans une autre monnaie.
On
pouvait ainsi pratiquer une “dévaluation compétitive”
c’est-à-dire qu’on baissait la valeur de la monnaie (le franc)
par rapport aux autres monnaies.
Exemple
chiffré: 3 francs = 1 deutsche mark (parité du taux de change)
Soit
un produit français: 9500 francs = 3166 deutsche mark.
A
3166 deutsche mark le produit français se vend très mal en
Allemagne car les produits allemands équivalents sont moins chers et
de meilleure qualité.
Solution
pour exporter plus facilement: Le gouvernement français va modifier
le taux de change du franc par rapport au mark en dévaluant le
franc.
3.20
francs = 1 deutsche mark (modification du taux de change)
Il
faut plus de francs pour acheter un deutsche mark.
9500
francs = 2968.75 deutsche mark.
Le
prix du produit français a baissé de presque 200 deutsche mark.
Grâce à cette baisse de prix les exportations augmentent à
nouveau, l’économie française est relancée et ainsi le chômage
en France baisse.
A
l’inverse le prix des produits importés va augmenter il y aura
donc une baisse des importations. Cependant la France est obligée
d’importer des produits comme le pétrole, les machines-outils,
etc…, qui sont maintenant beaucoup plus chers. Il y a un risque
d’inflation (c’est ce qu’on appelle l’inflation importée).
Si l’inflation redémarre à nouveau les produits français seront
trop chers.
Conclusion:
Comme la France ne peut plus dévaluer pour relancer les exportations
et la production, beaucoup d’entreprises françaises ont délocalisé
leurs sites de productions à l’étranger.
Exemple:
Ainsi la France était reconnue comme le pays spécialiste de la
petite voiture pas chère. Ces voitures se fabriquent maintenant (en
majorité) à l’étranger. Ainsi Renaud a ouvert des usines en
Slovaquie, Turquie, Roumanie, récemment au Maroc et bientôt en
Algérie. Et pendant ce temps les usines en France tournent au
ralenti.